Tout commence à Biarritz en mai 2016. Ou plus précisément quelques semaines avant, lorsque Laurent, en voyage à la Nouvelle Orléans, tombe sur un cendrier dans la rue qui mentionne « les cigarettes jetées ici seront recyclées ».
Interpellé, il découvre le projet de Terracyle qui consiste à recycler les mégots de cigarette.
Très rapidement, une succession de réflexions s’enchainent. Entre la prise de conscience du fléau environnemental que représente la cigarette, et le potentiel que représente le recyclage pour résoudre le problème, Laurent n’a plus de doutes, « il faut faire quelque chose! »
« Chacun à son niveau peut faire quelque chose »
Alors qu’il a déjà changé de trajectoire, passant de responsable commercial dans un grand groupe à gérant d’un pub irlandais, il se lance dans un pari fou : celui de collecter les mégots de cigarette pour les faire recycler.
Et l’aventure commence à Biarritz, auprès de commerçants, restaurateurs, qui répondent tous à l’affirmative à la question de Laurent « pensez-vous qu’il y a un problème dans votre établissement -comme partout- avec les mégots au sol? »
Avec l’océan à moins de 200 mètres, il est évident que ce petit monde est sensibilisé à l’impact des mégots et toute autre type de pollution sur l’océan. Cela fait d’ailleurs une trentaine d’années que des associations pionnières comme la Water Family ou Surfrider Foundation Europe mènent des campagnes pour alerter le grand public face aux risques environnementaux liés à l’activité humaine. Et c’est ainsi qu’en échangeant avec un noyau de professionnels convaincus, Laurent décide de passer à l’action contre les mégots en installant un cendrier nudge à Extola Bibi, repère incontournable des Biarrots.
De l’équipement à la mise en réseau
En 2016, Laurent est un véritable pionnier. En France, à part des chercheurs en sciences sociales, il n’y a pas grand monde qui a déjà entendu parler du « nudge ». Encore moins des cendriers « nudgés ». En creusant sur le sujet, il découvre le travail de la fondation Anglaise Hubbub, qui a mis au point un cendrier permettant de voter avec son mégot au lieu de le jeter au sol.
La collaboration avec Hubbub et l’installation des cendriers mène à un véritable coup de communication autour du concept. A Bordeaux, il installe notamment un cendrier invitant à voter entre « pain ou chocolat ou chocolatine » qui obtient beaucoup de succès auprès de la presse. Après quelques passages dans les médias, Laurent imagine un concept d’association pour aller plus loin.
Alors qu’il l’avait initialement nommée Recyclope, -le nom ayant été déposé entre temps par une autre association-, l’association devient Tree6clope. Laurent, qui a encore changé de parcours, la développe au sein d’un incubateur. D’abord grâce au programme « Eticoop » mené par le Crédit Agricole, puis grâce à l’incubateur de l’Estia.
Pendant 2 ans, Tree6clope va graduellement se développer sur un modèle associatif, avec un système horizontal et en réseau. De fait, il est évident que pour agir de façon globale, il faut adopter une démarche participative et ouverte à tous. Laurent est convaincu que chacun doit faire quelque chose et poser sa pierre à l’édifice, il consacre 200% de son temps et de son énergie à ce projet.
La collecte au coeur du projet
C’est ainsi qu’est née l’idée du réseau de collecte Tree6clope.
De 2016 à 2019, l’association incite tout commerçant, professionnel à collecter les mégots et pratiquer un « tri à la source » dans sa structure pour alimenter une filière de recyclage. Ainsi, un mégot jeté dans un point de collecte du réseau est un mégot recyclé, et non jeté au sol.
Car en effet, entre temps, des ingénieurs, pionniers du recyclage en France (MéGo!) avaient mis au point une solution française pour recycler les mégots.
Jusqu’en 2019, Laurent décide donc de se lancer dans l’aventure du recyclage en approvisionnant MéGo avec les mégots collectés dans le Pays Basque et partout en France. Petit à petit le réseau s’étoffe, et au fur et à mesure que les volumes augmentent, l’association se donne des moyens de se structurer grâce à des subventions et recrute des salariés.
2019-2023 : Changement de cap, pas de valeurs
En développant ses moyens humains, Tree6clope entretient son histoire collective et se tourne vers de nouvelles activités : sensibilisation, organisation d’événements, mobilisation citoyenne…etc. A partir de 2020, elle met aussi une croix sur la méthode de valorisation du recyclage et son partenariat avec MéGo pour des raisons financières et environnementales (Voir notre FAQ)
Toujours ancrée sur des valeurs de collectif, en opposition au lucratif, Tree6clope se développe en harmonie avec le territoire, touchant et rassemblant toujours plus d’humains engagés.
Depuis 2019, l’association s’est développée de manière exponentielle et compte désormais plus de 600 adhérents et 3 salariés qui accompagnent et soutiennent l’activité du réseau (collecte, communication, sensibilisation).
Après un travail de recherche et d’ingénieure pédagogique effectué entre 2022 et 2023, Tree6clope escompte développer une activité de sensibilisation et multiplier ses interventions en milieu scolaire et en entreprise tout en diffusant son expertise environnementale.
A partir de septembre, une nouvelle activité salariée pourra voir le jour et de développer activement en ce sens.